Sur la Tamise, il est important de boire du thé à heure régulière. Mais y faire chauffer de l'eau peu s'avérer
délicat. Ce sera l'occasion d'une petite énigme. J'ai donc le plaisir de vous présenter ce qui constituera le quatrième background du chapitre X (oui oui, ce n'est que le troisième décor que je vous montre, mais ce sera bien le quatrième que vous verrez en jeu. Je vous montrerai donc le troisième en quatrième, vu que je ne l'ai pas encore fait.).
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Au crayon... |
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...et au pixel, aliasé bien sur. :) |
Normalement, ça devrait être plus clair en couleur, on verra ça la semaine prochaine. Le truc sur lequel repose la bouilloire, c'est un
réchaud à alcool. Mais pourquoi un réchaud à alcool et pas un réchaud à pétrole ?
Nous avions une fois emporté un réchaud à pétrole mais "plus jamais". Nous avions cru vivre dans une raffinerie de pétrole cette semaine là. Ce qu'il suintait, ce pétrole ! Je ne connais pas de substance comparable au pétrole pour ce qui est de suinter. Nous l'avions placé tout à l'avant du canot, et, de là, il suintait jusqu'au gouvernail, imprégnant le bateau tout entier et chaque chose qu'il trouvait sur son chemin. Il suintait sur le fleuve. Il saturait le paysage et empuantissait l'atmosphère. C'était tantôt un vent d'ouest pétrolifère qui soufflait, et parfois un vent pétrolifère de l'est, ou bien du nord soufflait un vent pétrolifère, quand ce n'était pas un vent pétrolifère du sud. Mais qu'il arrivât des neiges arctiques ou qu'il eût pris naissance sur l'étendue des sables du désert, il nous arrivait également chargé du parfum de l'huile de pétrole.
Les émanations de ce pétrole imbibaient désastreusement jusqu'aux couchers de soleil ; et les clairs de lune au pétrole étaient vraiment fétides.
A Marlow, nous tentâmes de lui échapper. Laissant le bateau contre le pont, nous allâmes nous promener par la ville. Mais il nous poursuivait. La ville entière était infectée de pétrole. Nous traversâmes le cimetière, et on eût dit que les morts avaient été enterrés dans du pétrole. La grand-rue empestait le pétrole, à se demander comment on pouvait bien habiter là. Nous fîmes mille après mille sur la route de Birmingham ; mais en vain : tout le pays était saturé de pétrole.
Vers la fin de cette excursion, nous nous réunîmes à minuit dans un champ solitaire, sous un chêne maudit, et nous nous engageâmes par un serment redoutable (nous avions déjà toute la semaine juré contre la chose d'une façon normale et modérée, mais à présent c'était sérieux), par un serment redoutable, dis-je, de ne jamais plus emporter avec nous de pétrole dans un canot, sauf, bien entendu, en cas de maladie.
Cette fois-ci, donc, nous nous résignâmes à l'alcool dénaturé. Ce n'ai déjà guère fameux. Il en résulte du pâté dénaturé et du gâteau dénaturé. Mais l'alcool dénaturé est, à haute dose, plus sain à l'organisme que le pétrole.
Trois Hommes dans un bateau, Jerome K. Jerome, chapitre IV, traduction DR.